Comptes rendus d’ouvrages

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Florence Millerand, Serge Proulx et Julien Rueff (dir.), Web social. Mutation de la communication, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2009, 374 p. (compte-rendu paru dans Hermès, n°64, 2012)

 Compte-rendu paru dans Hermès :

L’ouvrage sera utile aussi bien au chercheur qu’à l’enseignant en sciences sociales. Avant de préciser l’ambition théorique dont témoigne l’ouvrage, il faut en effet souligner sa qualité de photographie du champ des recherches francophones sur les développements contemporains du web. Collectif et pluridisciplinaire, ce volume comprend vingt-trois contributions qui associent trente-quatre auteurs. La table des matières, bien construite, donne aussi le plan de chaque texte, ce qui permet au lecteur de trouver facilement ce qui l’intéresse. L’ouvrage alterne synthèses et analyses de façon équilibrée: des réflexions plus théoriques – par des auteurs reconnus – et des études de cas. Les points théoriques livrent à la fois une introduction aux travaux de leurs auteurs et leurs pistes de recherche les plus récentes. Les études de cas témoignent de l’ambition d’appuyer des analyses claires sur un véritable souci des faits. On peut regretter l’absence de conclusion, mais l’exercice encyclopédique, assez proche de celui d’un manuel, s’y prêtait mal..
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Alexandra Bidet, L’engagement dans le travail. Qu’est‑ce que le vrai boulot ?, Paris : Presses universitaires de France, coll. « Le Lien social », 2011 (compte-rendu paru dans fabula)

 Compte-rendu paru dans fabula :

Le livre d’Alexandra Bidet s’inscrit résolument dans la tradition française de la sociologie du travail. Une discussion serrée de cette tradition amène toutefois l’auteure à un pas de côté, qui ouvre de nouvelles perspectives en plaçant les rythmes au cœur de l’attention. Depuis Georges Friedmann, il n’y a pas, du point de vue de la sociologie du travail, d’autre « partition » que celle édictée par l’organisation du travail. A. Bidet en mesure tous les écarts et les résistances. Reconnaître au contraire l’acte de travail ouvre alors à de nouveaux récits du travail. Les logiques collectives apparaissent liées aux circulations dans l’espace de travail, aux postures élaborées face aux fluctuations de l’environnement, mais aussi aux histoires personnelles et aux différents imaginaires de la technique qui y sont mobilisés (p. 355‑356).
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Turkle S. (éd.), The Inner History of Devices, Cambridge, Massachusetts, The MIT Press, 2007 (compte-rendu paru dans Sociologie du travail, 2010, vol 52, n°3)

 Compte-rendu paru dans Sociologie du travail :

The Inner History of Devices est un ouvrage collectif, dirigé et introduit par Sherry Turkle. À la lecture, cette exploration des rapports intimes que les personnes entretiennent avec les objets techniques apparaît tout à fait cohérente – ce que l’inventaire hétéroclite de la table des matières ne laisse pas deviner : œil prothèse (prosthetic eye), téléphone portable, table d’exercice (patterning table), télévision, Web, jeux vidéo, lieux en ligne, stimulateur cardiaque, corps humain numérisé, serveur de news, machine de dialyse, jeux d’argent en ligne. Pour le sociologue du travail, soucieux de rendre compte du point de vue du travailleur confronté à des environnements de travail contemporains richement outillés, la démarche clairement exposée dans l’ouvrage équipera utilement les phases ethnographiques de l’enquête. La mobilisation en sera d’autant plus aisée que, contrairement à d’autres approches psychologiques centrées sur la notion de sujet, Sherry Turkle opère plutôt un rapprochement entre vignettes cliniques et cas ethnographiques, en direction d’une « ethnographie de l’intime » (intimate ethnography).
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Lallement (Michel), Le travail. Une sociologie contemporaine, Paris, Folio, 2007 (compte-rendu paru dans la Revue française de sociologie, 2009 (avec A. Bidet), vol 50, n°3)

 Compte-rendu paru dans la Revue Française de Sociologie :

L ’ ouvrage livre un panorama de la littérature de sociologie du travail, pour l’ essentiel française et anglo-saxonne, en construisant un récit qui vise à convaincre un large public – en présen- tant un « paysage social » dans une langue accessible ; à réunir beaucoup de travaux sociologiques (on compte 700 références) – en mobilisant, à côté des contributions classiques (l’ École des rela- tions humaines, le taylorisme, les phases sociotechniques de Touraine, etc.), des travaux récents, souvent de jeunes cher- cheurs ou peu connus du public français ; à porter des enjeux sociaux et politiques raisonnables – ni « optimistes » ni « pessimistes ». Relativement aux rares travaux de synthèse disponibles sur le marché, cet ouvrage se singularise en formalisant une façon de narrer le travail, tout entier associé au vocable d’ institu- tion. Nous soulignerons l’apport et les partis pris de ce travail de synthèse et de bilan de la discipline, détaillerons les ressorts du récit proposé, puis relèverons certains de ses angles aveugles.
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Morel (Christian), L’enfer de l’information ordinaire. Ces boutons, panneaux, modes d’emploi et autres indications et explications quotidiennes auxquels on ne comprend rien, Paris, Gallimard, 2007 (compte-rendu paru dans Sociologie du travail, 2009)

 Compte-rendu paru dans Sociologie du travail :

Dans cet ouvrage, Christian Morel invite à un débat public sur l’information ordinaire, dont il défend la nécessité. Comme l’indique le sous-titre, il s’agit de faire disparaître « ces boutons, panneaux, modes d’emploi et autres indications et explications quotidiennes auxquels on ne comprend rien ». Ces marques, incompréhensibles du public même auquel elles sont destinées, sont omniprésentes. Mais aucune clarification ne peut être attendue du travail des professionnels qui les produisent. Son pessimisme place Christian Morel dans une posture polémique. Classique en sociologie, une telle démarche ne l’est pas dans le domaine de l’étude des interfaces, qui a plus souvent voulu accompagner les professionnels, soit pour étudier et affiner leurs compétences, soit pour leur donner accès à une vision plus juste et pondérée des contextes dans lesquels ils interviennent. Or, pour l’auteur, les conditions même de production de « l’information ordinaire » conspirent à son illisibilité.
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Kaptelinin V., Nardi B. A., Acting with Technology. Activity Theory and Interaction Design, The MIT Press, Cambridge&London, 2006 (compte-rendu paru dans Sociologie du travail 49 (3), 2008)

 Compte-rendu paru dans Sociologie du travail :

Cet ouvrage, écrit par deux chercheurs reconnus, a une visée claire : faire de l’Activity Theory (théorie de l’activité) la théorie de l’Interaction Design. A la fois théorique et didactique, il passe en revue une littérature dense, portant pour l’essentiel sur des milieux de travail, comme les deux cas empiriques présentés (I/5 et II/7). Dans le domaine de la conception d’interfaces – ou IHM [Interaction Homme-Machine], « Interaction Design » désigne une « seconde vague » (p.15) d’approches dont la particularité est d’appartenir aux sciences sociales. Ce n’est pas le moindre mérite de cet ouvrage de psychologie que de permettre au sociologue français de découvrir ce champ, pour s’apercevoir que la sociologie y est la discipline la mieux implantée, quoique sous des formes non orthodoxes : la théorie de l’acteur-réseau et l’ethnométhodologie. Le sociologue du travail y trouvera également une introduction à la théorie de l’activité, et sa contribution à l’analyse de trois aspects du travail contemporain : les usages des techniques, les émotions dans les organisations, et la socialité d’activités apparemment solitaires.
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Gherardi (Silvia), Organizational Knowledge. The Texture of Workplace Learning, Blackwell Publishing, Oxford, 2006 (compte-rendu paru dans Sociologie du travail, n°3, 2007, pp. 398–400 (avec A. Bidet))

 Compte-rendu paru dans Sociologie du travail :

L’ouvrage est riche en matériaux issus d’enquêtes de terrain sur les « cultures de la sécurité » dans le bâtiment. Pourtant le lecteur n’en attendra pas une monographie : il ne décrit aucune organisation particulière. L’objet est davantage théorique et méthodologique, non pas au sens d’une « théorie des organisations », mais d’une logique de l’enquête : comment étudier l’apprentissage organisationnel ? Si des éléments empiriques sont présentés, c’est pour montrer la portée descriptive des catégories introduites, leur capacité à renouveler le champ des obser- vables, et in fine notre vision de l’organisation. En ressaisissant les recherches menées par l’auteur depuis le début des années 1990, l’ouvrage documente alors efficacement la question des apports du « tournant pragmatiste » contemporain à l’étude du travail et des organisations.
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Beau (Franck) (éd.), Cultures d’univers. Jeux en réseau, mondes virtuels, le nouvel âge de la société numérique, FYP Editions, Limoges, 2007, in Réseaux, vol. 25, n°144, 2007, pp. 303–309.

 Compte-rendu paru dans Réseaux :

L’ouvrage nous invite à pénétrer de « nouveaux continents » : les mondes virtuels. De ce point de vue, on appréciera son montage soigné, alternant des articles scientifiques remarquablement courts et synthétiques, des présentations didactiques des résultats de la recherche, des contributions purement descriptives, et des extraits d’interviews de professionnels et d’acteurs du secteur. La signalétique de l’ouvrage distingue clairement la nature des contributions et les différentes sections (dites « zones »), ce qui en fait un guide de voyage très réussi. Franck Beau introduit opportunément l’ouvrage par des repères historiques, des typologies des mondes en ligne actuels, et de leurs participants (zone 1 et 2.1). Profitons-en pour souligner le travail remarquable réalisé par l’auteur, qui a écrit, co-écrit, monté à partir des interviews qu’il a réalisées, ou traduit de l’anglais au moins la moitié du contenu rédactionnel (163 pages sur 317), et signe 8 articles sur 31 – dont cinq, à caractère informatif, sous le nom de son avatar.
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